Tenue et Etiquette.

Le vestiaire (datsuisho) est donc un premier "sas". Enfiler le keikogi, c'est retrouver SHOSHIN, l'esprit du débutant avant d'accéder au dôjô et de recevoir pleinement l'enseignement qui nous sera donné. Ainsi, cet acte doit être effectué en pleine conscience ("ici et maintenant") et non pas automatiquement.

Il faut revêtir le keikogi en se liant aux aspects positifs de l'individualité, en pensant à une ou plusieurs qualités que l'on désire acquérir.

C'est l'occasion d'une première demande, de prendre une ou plusieurs résolutions pour un meilleur devenir. Par l'intermédiaire de la loi d'analogie (par association, lien ou relation), il est possible de se défaire de certains de nos défauts tout en abandonnant, provisoirement, les vêtements utilisés dans la vie ordinaire et ainsi de se rapprochant de nos qualités manquantes tout en revêtant le keikogi.

Ainsi, en déposant un habit journalier, vous déposez un défaut, un souci, une pensée sombre pour la remplacer par une vertu, une pensée positive portée par la blancheur de votre keikogi.

Il est d'ailleurs possible de connaitre l'état d'esprit et le niveau d'un pratiquant à la seule manière de revêtir son keikogi, de nouer sa ceinture ou de lacer son hakama...

Une fois les vêtements "civils" enlevés, enfilez la veste en commençant par la manche droite, la droite symbolisant la... droiture, la sincérité, la raison.

Nous retrouvons donc des éléments symboliques de première importance dans la veste : aspects solaires (le pan droit) et lunaires (le pan gauche).

Tous les rituels bénéfiques (blanc, soleil) utilisent des circumductions dans le sens de rotation des aiguilles d'une montre (vers la droite).

En revanche, tous les rituels destructeurs (noir, lune) utilisent des circumductions dans le sens inverse des aiguilles d'une montre (vers la gauche).

Ainsi donc, le croisement de la veste à l'envers, pan droit sur le côté gauche, est réservé aux morts...

D'un point de vue pratique, cette façon d'enfiler la veste ne relève pas du hasard : dans les arts martiaux japonais, le DAISHO (paire de sabres) se porte sur la hanche gauche de manière à pouvoir facilement dégainer l'un des deux sabres en cas d'attaque. C'est d'ailleurs pour cette raison que les japonais circulent à gauche afin que les sabres ne se heurtent pas en croisant un autre guerrier - ce qui relevait de la provocation grave en duel. Par ailleurs, sous le pan gauche de la veste peuvent être dissimulées diverses armes de poing comme le TANTO (couteau), des SHURIKEN (armes de jet), ou encore du papier japonais nécessaire à essuyer la lame du KATANA maculée de sang après un combat...

Keikogi

KEI : se souvenir, demeurer fidèle, le fil > KO : ancien, passé, ancêtre > GI : tenue, habit, vêtement
La tenue d'aïkido se nomme Keikogi, ou Dogi, un vêtement blanc identique à celui utilisé en Karatédo ou en Judo (mais aussi par les prêtres dans les temples).

Elle est composée d'une veste (uwagi), d'un pantalon (zubon) et de la ceinture (obi)). Enfiler une nouvelle tenue, de couleur blanche, de surcroît, aménage un premier instant pour le "lâcher-prise" de nos pensées discursives. Le blanc est synonyme de virginité. Il symbolise la pureté d'intention, la sincérité, la droiture.

Le blanc représente également la lumière, c'est-à-dire la connaissance. De même, la ceinture du débutant est blanche.

Obi

La ceinture sert à maintenir fermement le hakama en place. La pression qu'elle exerce sur les hanches (koshi) et sous le nombril (seika tanden) favorise le placement correct du centre de gravité et du hara (centre d'énergie). Chaque discipline possède sa manière de nouer le obi, appropriée à sa pratique. Pour le Katori Shinto ryu, le noeud est traditionnellement placé à l'arrière, au niveau de la cinquième lombaire. En aïkido, la pratique de chutes impose une disposition sur le ventre.

 La ceinture est en relation directe avec les grades ou le rang dans les écoles traditionnelles d'arts martiaux (ryu).

 De nos jours, il existe différentes couleurs de ceintures dans les kyu. Ce système a été instauré par le professeur de judo Kawaishi afin de satisfaire l'impatience de ses élèves européens...
Le grade est le signé extérieur d'une hiérarchie. Il indique une valeur au sein d'une école et permet de situer les pratiquants les uns par rapport aux autres.

Il marque un niveau de progression physique, théorique, technique et éthique dans la tradition martiale. A ce titre, il peut être source d'efforts et d'émulation.

Mais attention : la vraie valeur d'un homme ne se situe pas toujours là où on pense... La ceinture fait parfois rêver et tomber dans les entraves plus d'un esprit qui se croyait fort...

Le obi constitue essentiellement une étape vers la connaissance de soi et des autres.

Hakama

Souvent, dans le domaine des arts martiaux, les européens pensent que le hakama peut être vu comme une marque de haut grade, au même titre que la ceinture noire, mais il n'en est rien.

En fait, dans l'histoire du Japon, le hakama indiquait l'appartenance à un groupe. Chaque dojo ou temple, disposait d'un schéma de hakama qui permettait de savoir de quel  dojo venait le pratiquant (ou prêtre). N'oublions pas qu'au Japon, la notion de groupe est très importante, plus que la notion d'individu.

Ainsi, lorsqu'un nouveau pratiquant  rejoignait un dojo, on se dépêchait de lui offrir son hakama, afin que l'on puisse l'identifier comme appartenant au groupe. Il n'était pas du tout question de niveau de pratique, seulement d'appartenance.Cette amalgame provient d'un fait historique: Après la guerre au Japon, le prix des hakama était si élevé qu'il ne restait plus beaucoup de gens qui pouvait s'offrir un hakama. Ainsi, seuls ceux qui avaient acheté des hakama avant la guerre en portaient. Et quand les soldats américains débarquèrent au Japon, il virent que ceux qui portaient le hakama étaient meilleurs que ceux qui n'en avaient pas, en effet les plus ancien en portaient et les plus jeune non. Et comme le système de ceintures de couleurs était déjà connu, ils se sont dit que le hakama devait être la même chose pour l'Aïkido, cela reflétait le niveau. Et voila comment les gens ont fini par croire que le hakama était la reconnaissance d'un haut gradé.

 

Donc, maintenant, le hakama représente effectivement une garantie de niveau, mais dans l'esprit, il représente l'appartenance.

Il faut également savoir que le nombre de plis du hakama possède aussi une signification. D'après O sensei Morihei Ueshiba, les 7 sept plis rappellent les sept vertus du Budo :

à l'arrière du hakama:
- Chu : La loyauté, Koh : le respect des fondamentaux.

à l'avant du hakama :
- Gi : Les valeurs morales de justice et d'honneur, Jin : La charité et la générosité, Rei : Courtoisie et l'étiquette (la gratitude), Shin : La sincérité et l'engagement, Chi : sage et intelligence,

"... Nous retrouvons ces qualités chez les samourai d'antan. Le hakama nous incite à refléter la vraie nature du BUSHIDO. Le port du hakama symbolise les traditions qui se sont perptéuées de génération en génération. L'aïkido étant issu de l'esprit du BUSHIDO, nous devons nous efforcer dans notre pratique de polir les sept vertus traditionnelles."
O-Sensei Ueshiba Morihei

Ces plis ont une signification religieuse pour les japonais. Les deux plis à l'arrière dérivent d'un verset d'un mythe japonais. D'après cette histoire, à l'époque de l'unification nationale du Japon, les Dieux de la guerre aidèrent le Dieu du soleil (le plus important des Dieux japonais) et travaillèrent ensembles pour gérer une nation en n'utilisant que leur dignité, et sans recourir à l'usage des armes. Chacun des plis représente un Dieu de la guerre, nommés Take-Mizazuchi-no-Kami et Futsu-Nushi-no-Kami. Le dosseret (koshi-ita), qui rassemble les deux plis, représente le Dieu du soleil, Amaterasu-Omikami.

Dans son ensemble, cela représente le concepte de wa (harmonie). Les cinq plis à l'avant représentent les cinq principes qu'une personne doit posséder: Jin (l'affection), Gi (la vertue), Reï (la courtoisie), Chi (la sagesse), et Shin (la sincérité).Le hakama foncé et le keikogi blanc représentent l'union des contraires (in/yo, ou TAIKI). Ces deux polarités s'unissent au niveau du HARA (ventre), c'est-à-dire au obi. Le seika tanden est le centre de tout mouvement, fruit d'une harmonisation correcte entre ces deux principes.On plie le hakama de la manière suivante : tout d'abord, on distingue la face et le dos. Tout ce qui a une face a un dos; tout a deux aspects.Nous nous référons ici au concept d'omote et ura. Une fois qu'on a accordé les plis du vêtement, on le retourne et on commence à le plier en trois - les trois plans de toute vie : un plan ciel, un plan terre, un plan médian.

L'homme vit les pieds sur terre, la tête au ciel. L'homme vit entre son karma et son destin, entre son passé et son futur.

Ensuite, on prend les deux cordons plus longs, ceux qui correspondent à la face avant du hakama.

Après avoir retourné une nouvelle fois le hakama, on met le cordon droit dessous et le gauche dessus, ce sont les deux grandes lignes d'énergie, IN et YO. Puis on noue.

Il y a un mouvement de haut en bas, puis immédiatement de bas en haut. C'est l'énergie qui descend se matérialiser et qui est immédiatement re-éthérisée, renvoyée au ciel.

Le noeud sera à cheval sur le tiers supérieur et le tiers médian.
Le pliage se fait toujours en seiza. Aucune autre posture n'est correcte.

Quand le hakama sera plié, il sera remis à son propriétaire, toujours à genoux, en le remerciant.

Le professeur donne son hakama à l'élève qui désire le plier en le remerciant à l'avance.

Selon notre conception, le hakama ne correspond pas à un grade ou niveau quelconque, mais il est réservé aux anciens (sempai) qui désirent s'impliquer activement au sein de l'école. Celui qui porte le hakama se voit confier une véritable charge, dans le sens chevaleresque du terme, Il doit respecter et exprimer toutes les qualités de fidélité, de respect, de courage, de bonté. Revêtir le hakama représente donc davantage une marque de devoirs - envers soi et les autres - du sens guerrier du bushido (la voie du guerrier), plutôt qu'une simple distinction honorifique.

Nous rappelant cela, nous le porterons juste.

Tiré du site de la FFAB.